FAMILLE BG: février 2009

samedi 7 février 2009

Faits divers

Bonjour,

Je discute souvent avec les serveurs de l’hôtel et le chauffeur. De même avec les collègues algériens que je rencontre à travers le travail. Voici ce qui en ressort.

La boisson

J’ai des amis musulmans d’Afrique de l’ouest qui n’exposent jamais ouvertement qu’ils boivent de l’alcool ou mange du porc. Mais voilà qu’ici, les gens le disent sans gêne devant tout un chacun. Il y en a un qui m’a dit : "C’est Dieu qui me regarde et me juge, pas les Hommes. Et Dieu voit ton cœur avant tout, c’est ce qui compte". D'autres m'ont dit que ce n'était pas une interdiction mais un pêché. Les femmes ne boivent pas beaucoup cependant. Et n'aiment pas trop que leur époux le fasse à ce que l'on m'a dit!

Insoumis

Un haut-cadre algérien m’a dit que s’il devait mettre une étiquette sur le peuple algérien, et ce à cause de son histoire, c’est celle d’insoumis. D’ailleurs, des journalistes algériens ne se gênent pas pour dire que leurs politiciens sont trop soumis à la France, etc… Et quand j'ai visité le musée, ils n'ont pas eu la vie facile. La liberté de presse permet la critique ce qu'on ne trouve pas chez leurs voisins m'a-t-on dit.

Le foulard

Pour le foulard, j’ai demandé aux hommes comme aux femmes ce qu’il en était. Même réponse des deux côtés : c’est un choix personnel et non traditionnel ou obligatoire. La seule « menace » vient des "terroristes" sur la route avec la barbe longue et tout et tout. J’ai rencontré une femme au bureau qui s’était fait "bomper" le pare-choc en dehors d’Alger il y a deux à trois mois. Elle était seule avec son jeune enfant. Les types l’ont menacée mais l’ont laissée tranquille « pour cette fois" mais qu’elle ne devait pas s’aviser de se promener encore sans son foulard! Inutile de vous dire qu'elle est rentrée chez elle encore sous le choc et a serré très fort son enfant. C’est probablement celui-ci qui lui a sauvé la mise!

La paix

Les algériens sont très fatigués de tous ces groupuscules guerriers pas contrôlés dans certaines zones et qui font souvent la manchette. Ils veulent la paix, ils veulent du travail, ils veulent la justice. Les algériens ont été les premiers à ce qu'on m'a dit à dénoncer la venue des terroristes sur son territoire. Elle a même demandé un appui. Et on l'a ensuite accusé d'abriter ces gens là! L'Algérie n'est pas parfaite mais la population elle, ne recherche qu'à vivre paisiblement.

La sécurité

On projette beaucoup d'images négatives du pays et avec raison si on compare avec l'époque où nous y habitions. Si je suis « très protégée » dans le cadre de mon emploi ici, ce n’est pas parce que c’est normal. D’autres projets canadiens n’ont pas cette sécurité car elle n’est pas nécessaire à Alger. C’est simplement que la compagnie pour qui je travaille peut être une cible car elle a beaucoup de pouvoir dans le pays. Et cela fait partie de leurs normes très rigoureuses pour les consultants. Cependant, mon collègue canadien, l'ingénieur américain et le diplomate danois que j'ai rencontrés se véhiculent par eux-mêmes. Mais pour voyager dans le pays, il vaut mieux prendre l'avion.

La famille dispersée

De nombreux algériens s'expatrient à l'étranger et il n'est pas rare de voir des membres d'une même famille en Amériques, en Europe et dans le monde arabe. Les parents sont attristés de cette situation et s'ennuient de leurs ouailles qu'ils ne voient pas très souvent. Un serveur m'a demandé des informations sur le Canada car il projette d'émigrer, son épouse ne trouvant pas d'emploi.

La cellule familiale

Tous ceux de mon âge ont 4 ou 5 frères et soeurs. Mais ils n'ont que deux ou trois enfants en retour. L'époque des grands-parents : 10 ou 11. Cela suit pas mal notre modèle. Et les hommes et les femmes se marient "normalement" c'est-à-dire que leur mariage n'est pas arrangé comme cela l'était parfois dans la génération précédente. Je me rappelle du fils du propriétaire qui devait marier une femme qu'il ne connaissait pas. Et on m'a donné d'autres exemples cette semaine.

Voilà mon blabla du jour!

Au plaisir,

Brigitte

PS: J'ai du manger 12 couscous depuis le début de mon séjour, autant de repas avec agneau et plusieurs chorbas, soupe algérienne. Je me gave pour le restant de mes jours! :-)

vendredi 6 février 2009

Petite balade

Bonjour,

Ce matin, j'ai profité de la belle température pour marcher dans les rues d'Alger. Seule. J'ai du me faire expliquer le chemin pour être sûre de ne pas me perdre dans toutes ces rues qui me semblent toutes identiques. La carte du Lonely Planet n'est pas très instructive et il m'aurait fallu celle de Google Map que je n'ai pas pensé imprimer au bureau.

C'est la première fois que je me balade seule et un peu comme le dernier vendredi, je constate que la proportion de femmes dans la rue est assez basse. Je dirais que 80% sont des hommes. Comme c'est vendredi, les gens se préparent pour la prière et les rencontres de famille. Pour cette raison, les femmes restent plus souvent qu'autrement à la maison m'a dit une algérienne. Même si cela est frappant, je ne me suis pas sentie intimidée ou dérangée par ce "déséquilibre" dans la rue. Par contre, dans les cafés rencontrés, je n'aurais pas osé entrer car il n'y avait que des hommes et même si cela n'est pas interdit aux femmes. Cela vient sans doute de mon enfance où j'entrais dans un café avec mon père en sachant que les femmes n'y entraient habituellement pas. Je ressentais alors un malaise qui se reproduit encore aujourd'hui. Depuis mon arrivée, la seule fois où je l'ai fait, j'étais accompagnée de mes 3 hommes... Et j'étais la seule femme.

Néanmoins, j'ai vu pour la deuxième fois dans mon séjour, une femme voilée en blanc. Elles étaient nombreuses à l'époque mais elles sont très rares aujourd'hui. Bien sûr, j'ai vu d'autres types de femmes voilées, mais celles-ci restent assez minoritaires. Celles où on arrive pas à voir même les yeux, mon chauffeur les décrit comme des "tentes". Il n'aime pas du tout ce type de costume. En même temps, je n'ai pas vu 10 "tentes" en deux semaines. Le foulard sur la tête est davantage privilégié. Et il y en a presqu'autant qui ne le portent pas du tout.

J'ai trouvé quelques boutiques ouvertes sur mon chemin, surtout sur une petite rue parallèle où on trouvait des boutiques de linge, d'artisanat local, de viande, de légume, etc. La rue était très animée. J'ai senti le coeur d'Alger battre. Et j'ai aussi senti... quelques odeurs mélangées de pain chaud, de détritus pas ramassés, de poulet grillé... J'ai trouvé quelques souvenirs et je suis rentrée.

Le reste de ma journée sera consacrée au boulot! Au plaisir!

jeudi 5 février 2009

Ma journée de congé hebdomadaire

Bonjour,

Je n'ai qu'une seule journée de repos mais j'en profite. Je suis ressortie et cette fois, nous sommes allés, mes chauffeurs et mon garde du corps, voir Madame Afrique comme ils l'appellent. C'est la basilique Notre-Dame D'Afrique. Elle est en rénovation alors elle n'est pas très jolie à photographier. Mais j'ai pu entrer à l'intérieur et voir la vierge noire avec les mots suivants écrits en grandes lettres : Notre Dame d'Afrique prie pour nous et pour les musulmans. Il y a une jolie vue de là-haut et j'ai pu prendre quelques photos et réaliser une petite séquence vidéo comme celle de mon père, il y a 30 ans! Je ferai une reconstitution du "avant" et "après" quand j'en aurai le temps au retour.

Après cette visite, nous nous sommes rendus au monument des martyrs où l'on peut visiter en dessous, un musée et une sorte de mausolée à la mémoire des martyrs. Celui-ci est une partie "intime" du musée avec un chant coranique en arrière-fond et des textes du coran entre autre chose et aussi une prière pour signifier que les martyrs restent encore dans le coeur des hommes et le coeur de Dieu, qu'ils sont encore vivants dans la mémoire.

Évidement, c'était une visite gratuite car le policier n'a fait qu'un signe pour que l'on puisse entrer. Même chose pour marcher sous le monument; ce qui est interdit au grand public sauf occasion spéciale. Cela finit par avoir des avantages que celui d'avoir une escorte!

Le musée est très intéressant et raconte surtout toutes les étapes de la colonisation, la vie à cette époque, et l'indépendance. C'était bien car un des chauffeurs, le plus vieux me racontait les histoires au fur et à mesure que l'on passait d'une peinture à une autre, d'une salle à une autre. Cela devient plus intéressant que celui de lire les quelques inscriptions en français. Ce monument a été réalisé, en passant, par SNC Lavalin. Les travaux avaient débuté en 80.

Je suis rentrée vers 15h, le temps se gâtait et mon projet d'aller incognito au centre-ville (comprendre sans mes 3 hommes) est tombé "à l'eau".

J'espère que demain matin, cela sera mieux.

Au plaisir!